S'il fallait choisir un moment pour parler de
drogue à son enfant, l'entrée au collège serait sans doute le meilleur.
C'est en effet entre la 6e et la 3e que la rencontre avec les produits
psychoactifs les plus courants a lieu. Pendant ces années déterminantes,
les enfants s'initient au tabac, au cannabis et connaissent leurs
premières ivresses alcooliques. À l'entrée au lycée, certaines
consommations régulières sont déjà ancrées, alors que les générations
précédentes faisaient ces expériences plus tard. Mais ce premier contact
n'a pas lieu au même moment selon le produit, comme le prouve le volet
drogues de l'étude HBSC que publie l'Observatoire français des drogues
et des toxicomanies.
• Alcool: les ivresses augmentent fortement en 3e
L'alcool
est le seul produit psychoactif que les enfants découvrent en famille. À
l'entrée en sixième, près de 60 % des élèves ont déjà bu de l'alcool et
ce taux progresse tout au long des «années collège». Pendant cette
période, les ivresses augmentent fortement, les garçons se révélant plus
précoces encore que les filles. Alors que moins de 7 % des élèves de 6e
ont déjà été ivres, ils sont 34 % en 3e. «Retarder le plus possible
l'âge de l'expérimentation permettrait de minimiser le risque de passage
à des consommations abusives précoces, remarque le Dr Emmanuelle
Godeau, responsable de l'enquête pour la France. Le message des adultes,
qui banalisent l'alcool, semble incohérent.» Si le champagne et le
cidre sont les boissons les plus répandues chez les collégiens, la
consommation de bière, d'alcool fort et de prémix augmente fortement à
partir de la 4e, une classe charnière qui voit les adolescents gagner en
autonomie.
• Le collège, lieu d'expérimentation du cannabis
En
2010, un collégien sur dix déclare avoir consommé du cannabis.
Marginale en 6e, l'initiation progresse fortement à partir de la 4e. À
l'entrée au lycée, un adolescent sur quatre a déjà fumé ce toxique, ce
qui place la France dans les six plus mauvais élèves du classement
international HBSC (38 pays). Le pédopsychiatre Stéphane Clerget
explique: «Le collège est un univers hostile, difficile, qui facilite
l'accès aux toxiques. En outre, les adolescents connaissent à ce moment
de leur vie une multitude de ressentis, qui les déstabilisent.»
• La consommation de tabac bien ancrée à l'entrée au lycée
C'est au collège que la découverte du tabac
intervient, mais aussi, pour une partie des adolescents, le basculement
dans la dépendance. En fin de 3e, un élève sur deux aura fumé au moins
une cigarette et plus de 15 % seront devenus des fumeurs quotidiens.
Chez les jeunes filles, qui testent ce produit plus tard que les
garçons, le tabagisme quotidien s'accélère en 4e et devient comparable à
celui des garçons. L'enquête fait apparaître une stabilité des usages
depuis 2006. «C'est très surprenant, car cette génération d'élèves est
la première qui a connu l'interdiction de la vente de tabac aux moins de
16 ans, note le Dr Godeau. En fait, l'application de cette mesure n'a
pas eu d'impact». La loi aurait cependant renforcé le sentiment
d'interdit, selon les auteurs de l'étude, qui espèrent «contribuer à
l'élaboration de politiques de prévention mieux ciblées selon la classe
et le produit».
source figaro du 3 Mai 2012
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